Répondre rapidement à Ebola grâce à la mobilisation communautaire
À ce stade de l'épidémie d'Ebola, la communication sanitaire est importante mais elle doit inclure une forte composante de mobilisation sociale si nous espérons des résultats rapides. En examinant les trois pays Ebola (Guinée, Libéria et Sierra Leone), nous savons que la propagation rapide de la maladie peut être attribuée aux comportements à risque adoptés par les personnes en raison du manque d'informations sur la cause de la maladie, du déni et des rumeurs.
Dans certains cas, les informations fournies étaient tout simplement fausses, comme en Guinée où les gens ont été officiellement informés au début de l'épidémie qu'Ebola ne pouvait pas être traité. Cette désinformation a incité les gens à garder les malades à la maison, une pratique risquée qui a probablement contribué à la propagation de la maladie.
Les pays Ebola ont besoin d'informations précises sur sa transmission (interaction humaine, contact non humain). Avec les bonnes informations, nous pouvons définir les pratiques clés à promouvoir au niveau communautaire en matière de prévention et de recherche de soins. Ensuite, nous pouvons identifier les canaux de communication appropriés pour diffuser ces informations clés.
Sachant que dans tous les pays Ebola, les gens ne font pas toujours confiance aux instances dirigeantes, il sera important d'identifier des sources d'information fiables capables de faire passer des messages et de convaincre les gens d'agir très rapidement. Une forte approche de mobilisation communautaire sera nécessaire pour collaborer avec les leaders communautaires qui ont le pouvoir d'influencer rapidement d'autres personnes.
En Guinée par exemple, des groupes de « sages » appelés «les hommes sages» sont situés dans la capitale pour représenter les intérêts de leurs électeurs restés au pays et recherchent continuellement des ressources pour contribuer au développement de leurs régions ou comtés. Ces groupes n'ont aucun parti pris politique et sont composés de dirigeants politiques, de la société civile, de chefs religieux, de femmes leaders et de jeunes. Ils peuvent jouer un rôle clé dans la lutte contre Ebola, qu'il s'agisse de relayer des messages aux électeurs restés au pays ou de faciliter un dialogue avec ceux qui souhaitent exprimer leurs préoccupations et répondre aux questions sur la maladie d'Ebola. D'autres dirigeants influents à considérer sont les chefs tribaux et religieux. Les gens les écoutent plus que les dirigeants nommés par le gouvernement. Cet effort de mobilisation sociale devrait être soutenu par d'autres supports de communication, notamment la radio, les supports écrits, la santé mobile et la télévision.
Puisque nous savons aujourd'hui que toutes les personnes atteintes d'Ebola ne meurent pas, les histoires personnelles de personnes guéries après avoir souffert d'Ebola présentées à la télévision peuvent aider à convaincre les gens que l'isolement précoce peut aider à gérer et à traiter la maladie. Ces histoires pourraient faire partie d'une stratégie globale qui comprend également des activités de mobilisation communautaire. Cela suppose que les services et la main-d'œuvre nécessaires soient disponibles pour prendre en charge les personnes qui se précipitent ensuite vers les établissements de santé.